"Tu verras que les maux qui dévorent les hommes, sont le fruit de leur choix ; et que ces malheureux cherchent loin d’eux, les biens dont ils portent la source."

Que s’est-il donc passé, voici 2'600 ans ? Chaque bibliographe s’en est donné à cœur joie, même chez les bibliographe compilateurs. Pour donner un exemple, Pythagore serait né entre 608 et 540 av. J. C. et mort entre 510 et 472 av J. C.  Cela représente plus d’un siècle d’écart et ce n’est pas rien ! 

Situons-nous dans le temps. Au VIème Siècle av J.-C., on remarque 5 étoiles dans le monde: Pythagore - Lao-Tseu  -Gautama Bouddha - Zoroastre - Cakia Mouni. Nous en ajouterions encore 4 – Thales de Millet - Isaie -  Numa  et – Confucius.

Les mystères d’Eleusis sont encore loin de la déchéance. Homère est mort depuis deux siècles, Salomon depuis quatre. L’époque mosaïque et Orphique est située vers 1450 av. J. C.. Le niveau de la mer est inférieur de 6 à 7 mètres par rapport à aujourd’hui, ce qui induit des conditions climatiques, une faune et une flore probablement différente de celle d’aujourd’hui.

Dans les esprits de l’époque, les fréquents tremblements de terre, éruption volcaniques et autres maladies ne peuvent être que l’œuvre de Dieu, d’où un culte particulier pour les quatre éléments. 

Une forte dégradation de la qualité de liaison entre les sons, les nombres et les idées est déjà amorcée. Elle a complètement changé de nos jours, à tel point qu’il nous est pratiquement impossible de concevoir les façons de penser de nos ancêtres. Pour eux un nombre était un nom, un nom était un nombre. Nom et nombre ont d’ailleurs une étymologie qui ne doit pas nous induire en erreur : 

NUMEN = nom, mais

nUMEN = aussi nombre, et 

NUMEN = enfin, divinité.

Le décor étant planté, nous voyons naître à Sidon en Phénicie, un enfant, dont la Pithie de Delphes dit :  « Un fils qui sera utile à tous les hommes, dans tous les temps. » 

Ses parents retournent donc à Samos, petite île Ionienne, et à ce stade on peut déjà se poser quelques questions. Qui était Pythagore 

Soit  il a une existence réelle incertaine.

Soit étymologiquement en grec : Celui qui parle python, ou celui qui fait parler la Pithie, ce qui serait admettre une paternité d’Apollon.

Soit en Egyptien : distributeur de la Lumière de Râ (Ptah – Go – Râ), celui qui connaît Dieu, comme le soleil.

Soit enfin, il ne serait pas d’origine terrestre, mais un héros venu d’ailleurs.

Vers 20 ans, au cours d’une méditation sur la liberté, il a une révélation : « La triple nature de l’homme et de l’univers, couronnés par l’unité divine qui est la Trinité ». 

« La tétrade sacrée, immense et pur symbole, source de la nature et modèle des dieux », diront les vers dorés. Restait à le démontrer. 

Le souvenir des paroles d’un hiérophante d’Adonaï au Liban, le décide à partir en Egypte en passant, entre autre par MILLET. Il rencontre plusieurs Maîtres, du genre 

Phérécide : pour lui, tout est né du conflit du Temps et de l’espace.

Pour Thales de Millet, tout est né de l’eau.

Pour Anaximandre, tout est né du Chaos originel.

Pour Anaximène, tout est né de l’air.

Pour Héraclite, enfin, tout est né du feu.

Pythagore avait là un ensemble incohérent d’éléments. Il en fera, plus tard une synthèse. Il reste entre 12 et 40 ans à apprendre, sûrement en Egypte, Menphis, Diospolis, Héliopolis, Alexandrie, mais vraisemblablement aussi ailleurs et la légende risque d’avoir sérieusement augmenté la liste de ses lieux de séjours. 

Il est intéressant de regarder maintenant le fonctionnement de l’école de Crotone.

Sur la porte figurait l’inscription : « Eskato Bebeloï !», qui signifie « Arrière avec les profanes !»
Hommes et Femmes étaient admis dans un enseignement où la vie était communautaire, et où chacun arrivait avec tous ses biens. On a pu reconstituer ce que pouvait être cette école grâce à la découverte, à Rome, d’une basilique primitive où l’on pouvait voir, entre autre, le cheminement d’un initié et de son âme. On y trouvait quatre niveaux d’enseignement. En fait, le premier n’étant que préparatoire, il existe, comme dans toutes les écoles initiatiques trois degrés :

Postulant 
C’était un temps d’épreuve, d’enquête et d’essai. On apprenait le rythme de la journée à l’école : lever tôt, établissement d’un plan d’action pour la journée, ablutions, discussions, méditations. Le sport, mais sans lutte ni compétition était pratiqué. Au bout de quelques mois, le postulant devait passer la nuit dans une grotte réputée pour ses apparitions et ses monstres. Une grotte est semble-t-il un réceptacle des énergies telluriques et un symbole de la prison du corps matériel et du monde des apparences et de l’inconscient, où vivent les âmes non éveillées à la lumière par la mort ou par l’initiation. C’est de nos jours l’équivalent de l’antichambre des Ordres initiatiques. 

1er Degré
 Le noviciat, la préparation. Le temps de passage à ce degré était de 2 à 5 ans. Le silence actif et la soumission absolue était la règle envers les Maîtres. On y étudiait les vers d’Or, les héros, les demi-Dieux, la sainteté du mariage et comment vaincre ses passions, autrement dit, la psychologie, la connaissance de soi. On y évoquait la musique et le rôle du symbole des nombres. On pratiquait la purification du corps, l’hygiène et la discipline, les chants, les danses et les prières, l’ascèse sexuelle. 

2ème Degré
 Le noviciat, la purification, les mathématiques, la physique. Le serment du silence était demandé au disciple qui était enfin admis à ce niveau, à voir le maître.
L’étude portait sur les nombres : La nonade, la dyade, la triade, la tétrade, la pentade et la théogonie. Notons en passant qu’il a fallu attendre la théorie des ensemble de Cantor-Russel, pour voir apparaître la distinction entre 2 et la dualité contenue dans la dyade pythagoricienne.

3ème Degré
La perfection, la contemplation, l’hermétisme. L’étude portait sur la cosmogonie, la philosophie, l’évolution de l’âme, les sciences occultes, l’astronomie géocentrique symbolique, l’astrologie, la rétrospection, la théosophie, le char de l’âme, le gouffre d’Ecate, l’antichtone, contrepartie de la terre où se réfugiaient les âmes heureuses, le Karma, ou loi des causes à effets. Pythagore disait connaître quelques unes de ses vies antérieure, par un présent des dieux.

Enfin, le niveau d’adepte
L’épiphanie, l’illumination, où les vrais initiés doivent revenir à la vie normale, meilleurs, plus forts et mieux trempés pour les épreuves de la vie, en particulier, pour l’amour et le mariage. Pour cela, après l’initiation de l’intelligence, restait à acquérir l’initiation de la volonté, la plus difficile de toutes, au moyen de trois perfections. 
« Vérité dans l’intelligence, dans l’âme et dans la pureté du corps ». L’adepte était clairvoyant et possédait un fort charisme. Il prend l’aigle pour emblème (alors qu’on l’a attribué à Saint-Jean l’Evangéliste et à Apollon). En Grèce, seuls Orphée, Pythagore et Appolonius de Tiane ont atteint ce niveau. Pratiquement, le maître de Crotone ne pouvait qu’enseigner les applications de sa doctrine à la vie.
Il y aurait certes encore beaucoup à dire sur ce qu’à laissé Pythagore, ou sur ce qu’il n’a pas laissé derrière lui. Disons, pour prendre des raccourcis, qu’il n’a jamais écrit sa doctrine qu’en signes secrets et sous forme symbolique. Même son Ieros Logos ou discours sacré que sont les vers dorés et qui résument probablement l’essence même du système, semblent ne pas venir de lui. 
La transmission de cette doctrine jusqu’à nos jours s’est faite, semble-t-il par trois chemins bien différents : 

Par les Bâtisseurs.

Par les Magiciens, ou Mages, et

Par les néo-platoniciens arabes.

Jean-Arnaud Drevet-Gouiric